ECOUTEZ VOIR !
«Un petit bijou» «Un cadeau à la chanson» - Gérard Classe.
Journaliste Télégramme spécialiste de la chanson française
«Ah, si le talent suffisait ...!» Pierre Tisserand (Auteur de "L'homme Fossile"chanté par Serge Reggiani)
Qui est un auteur, un vrai, au verbe sensible, dans un univers très photographique,
pellicule impressionnée des temps présents, traversé d’ombres féminines et d’enfants.
Qui ne démérite en rien de Reggiani, même tendresse, mêmes nostalgies, mêmes colères
qui percent. Plus sans doute avec Babilotte qui se nourri aussi de l’indignation de ce monde
cruel, des décharges où grouillent les enfants, à Buenos Aires au Ghana, à cette église
Saint-Bernard jadis violée par les forces aux ordres de Pasqua...
Michel Kemper
Le concert s'était ouvert sur un homme de noir vêtu, sobrement debout derrière son micro déclamant
un texte de Pierre Dac intitulé La linotte, charmante petite rivière dont l'histoire nous est contée
comme une métaphore de nos vies. En quittant le chapiteau, je pensais à nouveau à cette exception
culturelle française qui fait de la chanson, fille de la poésie, notre plus beau fleuron.
Claude Fèvre
13 novembre 2018 par Michel Trihoreau pour Nos Enchanteurs
Promesse tenue de Babilotte
Une constante apparait dans le parcours discographique de Dominique Babilotte : Le Baiser
de Jean-Yves Lebon illustre la pochette de son premier 33 tours La Putain et le Chanteur, en 1985, puis celle de son premier CD Patchworld,
en 2002, enfin il se devait d’ouvrir le très bel album La Promesse du Baiser, fraichement sorti du pressage.
Non seulement la pochette est une réussite, un paquet cadeauqui fait de la résistance
esthétique devant la musique dématérialisée, mais le contenu est à la hauteur de la promesse. Le baiser promis
nous ramène à cet état d’espoir fébrile où mille questions se posent avant le contact charnel. Des moments
de grâce dominent les sournoises douleursqui préludent à l’incertaine félicité.
C’est ainsi que cet album nous touche, nous surprend, nous remue.
Entouré d’une dizaine de musiciens, variant leurs talents de la bossa à la ballade, avec de belles orchestrations,
Babilotte nous interroge en permanence : Depuis les souvenirs en noir et blanc : « Qu’ont-elles fait de moi ces années
d’innocence ? » jusqu’aux thèmes d’une actualité sensible : « Quand lèveront nous les doute/ Vaille que vaille
coûte que coûte / Sur la parité ? »Allain Leprest se demandait « Où vont les chevaux quand ils dorment ? »
lui s’interroge : « Que murmurent les chevaux ? » dans un bel hommage à Anne Sylvestre. Elles, quarante ans se
demandent « vers quel pays/… vers quel Messie tourner sa vie ? » Lorsque la question n’est pas directement formulée,
la chanson ouvre le champ de la réflexion : L’eau de vie n’est pas une énumération des avatars aquatiques de l’amour,
mais un florilège de métaphores, de flots et d’évasion.
Cartoneros nous interpelle sur l’insupportable dualité luxe et misère dont les enfants du Monde sont les victimes
et On l’aura voulu attise notre malaise dans la société de consommation. Barbosa nous rappelle opportunément
que le pays de Bolsonaro aujourd’hui a, pendant cinquante ans, fait d’un footballeur perdant un paria. « Le désir nous emporte /
Vers de lointaines contrées » que ce soit au Brésil, au Ghana ou simplement
En Baie de St Brieuc, la découverte promise est enrichissante.
Qu’il se projette dans le regard d’un buste de poilu en pierre ou dans l’âme des génies alcoolisésde Nerval à Gainsbourg,
d’Edgar Poe à Philippe Léotard, Dominique Babilotte élève la chanson
à un niveau de plénitude rare dans l’émotion et la pensée avec une écriture rythmée, juste et colorée
dans la nuance.
Ajoutons qu’il est doté d’un timbre troublant qui rappelle celui de Serge Reggiani,
dont il a précédemment en partie repris le répertoire. Il l’assume ici avec un clin d’œil à la fin d’une chanson.
Il confirme dans cet album que ses propres textes et ses propres musiques — et ce disque en témoigne —